Sommaire
L'enfance du GRAINE
Vingt ans le bel age
Les actions du réseau aujourd'hui
Penser déjà à l'avenir
L’enfance du GRAINE
Résumer en quelques lignes 20 années d’existence d’une entité aussi complexe qu’un réseau est un exercice difficile.
Les chiffres
D’abord, par facilité, on s’oriente vers les courbes et les chiffres, qui contenteront la part cartésienne en nous. On verra ainsi que la vingtaine d’adhérents (majoritairement individuels) des jeunes années du GRAINE a rapidement été rejointe par un nombre toujours croissant de structures, pour dépasser durablement les 80 adhésions dès 2003. On notera également que la croissance de l’équipe salariée suit doucement celle du nombre de Commissions : de 2 commissions et 1 salarié entre sa naissance et ses 5 ans, le GRAINE a été doté de 5 commissions et 2 salariés supplémentaires avant même ses 18 ans.
D’accord, ça croît, s’agace déjà la part plus littéraire en nous. Mais on y fait quoi dans ce réseau, à part croître ?
On y « fait » des partenariats…
Tournés vers l’extérieur, d’une part. Au fil des ans, les liens avec les acteurs régionaux de l’EEDD se créent et s’étoffent ; le GRAINE est rapidement reconnu comme un acteur majeur de l’EEDD, comme en témoigne son initiative pour l’écriture collective du Plan Régional d’Action en 2006, qu’il coordonnera par la suite.
Mais aussi des partenariats dans le réseau…
Car c’est le partenariat qui est l’essence même des travaux du GRAINE. Le partenariat entre tous ces bénévoles qui se réunissent en commissions pour organiser les Rencontres de l’EEDD, pour proposer un Référentiel de qualité (depuis 1998) qui permette l’amélioration continue des acteurs, pour organiser la mutualisation des ressources, pour proposer un programme de formation varié afin que tous puissent progresser, et pour communiquer sur toutes ces actions auprès des acteurs de l’EEDD dans la Région et ailleurs.
Et enfin, il y a les partenariats qui naissent parfois au détour d’une réunion du GRAINE, entre deux adhérents qui se découvrent un centre d’intérêt commun qui pourrait bien déboucher sur un projet innovant !
Philippe François
L’interprétation, je me souviens…
Le GRAINE n’était pas bien vieux, tout juste un an peut-être, puisque c’était en mai 1993.
Un des tous premiers stages du GRAINE a gardé pour moi une grande valeur symbolique. Juste un an après sa création, il avait déjà acquis la confiance de deux de ses partenaires historiques, la DIREN et la DRJS et s’était appuyé sur les compétences de la Sarthe au Fil de l’Eau et Mayenne Nature Environnement.
Hébergés durant 3 jours au CREPS de Sablé sur Sarthe, Guy Brun, spécialiste reconnu de l’interprétation, nous a fait découvrir ce concept, nouveau à l’époque. Parti du « sentiertiquette » de la forêt de Bellebranche, le groupe a investi le site de Saulges en Mayenne.
Découvrir, échanger, débattre, confronter les idées et les points de vue, tels étaient les objectifs initiaux ; la motivation du groupe, l’intérêt du cadre, et les ressources mobilisées, ont transformé cette étude de cas en « recherche/action » débouchant sur une présentation d’une esquisse d’aménagement à monsieur le maire de Saulges, interrompant son déjeuner dominical en famille pour venir trouver l’idée « absolument géniale ».
Presque un coup d’essai, déjà un coup de maître.
Pour être revenu sur le site de nombreuses années plus tard, bien des choses ont changé, la fréquentation est devenue très importante, nombre de préconisations d’alors n’ont pas (encore) été prises en compte, mais j’ai retrouvé un peu de l’âme que nous avions voulu y mettre.
L’enfance du GRAINE, finalement, ne serait qu’une heureuse histoire de croissance et de partage ? S’étonnent en chœur les optimistes (qui n’osent y croire) et les pessimistes (qui n’y croient pas).
Pas seulement. C’est aussi une histoire d’humains, avec les heurts que toute histoire peut comporter. En 2010, le GRAINE affronte ainsi une crise sans précédent : trop peu d’administrateurs, une remise en cause de la gouvernance le font vaciller sur ses fondements associatifs. Mais les optimistes peuvent se rassurer, car ses fondements étaient bien solides : appelés en renfort, les adhérents ont su se mobiliser pour sauver leur réseau et lui faire traverser ce cap difficile.
Sylvie Gautier
Il était une fois une petite école de la campagne mayennaise avec un directeur qui faisait parafer à ses collègues enseignants le moindre courrier, le moindre prospectus... C’est ainsi qu’un jour j’ai parcouru des yeux une invitation à participer à une rencontre-découverte des marais salants de Guérande. Tout le monde est concerné : enseignants, animateurs... Pas besoin d’être spécialiste... C’est l’idée générale dont je me souviens et c’est ce qui m’a fait dire « Tiens, je suis originaire de St Brévin les Pins et je ne connais pas ce coin...» (c’est de l’autre côté de l’eau comme on dit chez moi). C’était en quelle année ?
Château de Ker Huet, une vue magnifique sur les marais salants, la découverte d’ateliers d’immersion, d’échange, de terrain, des prénoms glânés au fil des conversations (Nadine, Michel, Guy, Philippe, Claire, Jeanne...). Je ne les connaissais pas. Ils semblaient avoir des nuits courtes de sommeil mais paradoxalement longues et festives ! Par contre j’y ai retrouvé avec surprise et plaisir Agnès Coraboeuf que je connaissais depuis la fac par une colocation avec une copine.
Une mutation en Loire-Atlantique me permet de participer timidement à quelques moments de la vie du GRAINE et c’est aux rencontres régionales d’Angers (en quelle année ? 1995 ? 96 ?) que je franchis le pas. Agnès est toujours là, Nadine a le ventre rond comme un ballon, je découvre Christian, Céline, Dominique, Franck... et me voilà à la fois au CA et au bureau du GRAINE !
Jusqu’en 2001, la vie du GRAINE fera partie de ma vie quotidienne : réunions téléphoniques, CA, AG, la garzette, la commission communication, la découverte de structures où j’ai passé beaucoup de temps (notamment la Maison de l’Environnement d’Angers avec Dominique, Véro et Franck), les différentes rencontres régionales... Le tout ponctué de toutes les rencontres nationales d’École et Nature et du travail de la commission relais.
Je dois au GRAINE la chance que l’on m’ait fait confiance, la joie d’avoir découvert l’immense champ de l’EE dans ma pratique d’enseignante, le bonheur d’avoir vécu des moments tellement riches dans ma vie personnelle. J’ai pris mes distances avec la vie de l’association, des relais ont été pris mais au fond de moi le GRAINE m’a grandie.
Merci à tous ceux que j’ai nommés et tous ceux dont le prénom n’est pas écrit, ils sauront se reconnaître. Merci au GRAINE et bon vent aux projets à venir !
Vingt ans, le bel âge !
« Un réseau se construit et s’invente en même temps qu’il se vit ».
Alors conformément à cet extrait de la charte du Réseau École et Nature, le GRAINE continue de se construire et de s’inventer. Pour ses 20 ans, seront conviés ses 70 adhérents, ses 3 salariés permanents et tous les partenaires qui contribuent année après année à cette construction perpétuelle.
Christelle Dion - Grain de pollen
Un réseau c’est quoi :
Selon le terme générique (source Wikipédia), un « réseau » définit un ensemble d’entités (objets, personnes...) interconnectées les unes avec les autres. Il permet de faire circuler des éléments matériels ou immatériels entre chacune de ces entités selon des règles bien définies.
Mais qu’en est-il pour le GRAINE Pays de la Loire, réseau d’éducation à l’environnement vers un développement durable ? Un réseau fort de son expertise et de sa dynamique en lien avec l’éducation relative à l’environnement.
Il pourrait représenter :
la mise en œuvre d’outils permettant de relier des structures afin qu’elles puissent partager des ressources
une dynamique rassemblant des valeurs et des connaissances communes
une communication entre les personnes
la garantie de l’unicité de l’information
Le réseau GRAINE est donc bien un ensemble de connexions, mais est aussi et surtout un partage entre des individus et des structures aux apparences structurellement différentes qui avancent ensemble dans la sphère de l’éducation à l’environnement.
Quant au GRAINE Pays de la Loire et Grain de Pollen, il s’agit d’une aventure de presque 20 ans dynamisée par une présidence commune en la mémoire de Franck Verlynde. Depuis et jusqu’à aujourd’hui, elle est relayée avec toujours autant d’engagements, de passion et de ténacité pour échanger, partager, donner et recevoir, car c’est bien là tout l’esprit de notre réseau.
L’innovation dans les projets s’accompagne aussi d’innovations dans la gouvernance. Internalisation, missionnement, bénévolat sont les voies habituelles de gestion de projets collaboratifs. Depuis un an le panel s’est enrichi d’un fonctionnement en plateforme pour les accompagnements d’établissements en démarche de développement durable. Ce nouveau mode de montage de projet doit permettre de valoriser l’investissement des bénévoles dans la création proprement dite du projet, tout en permettant à l’ensemble des adhérents qui le souhaitent de s’y joindre en cours de route.
Car même au bout de 20 ans, le GRAINE continue d’évoluer, de chercher, de tester, d’innover. Les commissions et les groupes de travail se font et se défont… ou se pérennisent pour s’adapter aux idées et aux besoins des acteurs de l’EEDD. C’est ainsi que les journées d’échanges ont vu le jour en 2010, et c’est ainsi qu’un tableau de bord est testé, en lien avec les autres réseaux d’EEDD en France, pour offrir aux acteurs un outil de suivi de leurs activités.
Les principales actions du réseau aujourd’hui
Et puis à 20 ans, il est temps de tirer des leçons de ses expériences passées et d’en faire profiter les autres. C’est précisément ce que réalise le GRAINE, en valorisant les compétences acquises par ses salariés et ses adhérents au travers de prestations d’accompagnement proposées en Région et au-delà.
Olivier Duval - Mayenne Nature Environnement
La Mayenne, berceau de la création d’école et nature avec notamment Michel Rose, Yves Hélesbeux..., a accueilli plusieurs rencontres régionales dont une sur les énergies «Négawatts en 2003». En 2002, Mayenne Nature Environnement a signé l’un des tous premiers référentiel qualité d’éducation à l’environnement, lui permettant de rédiger son projet éducatif et de confirmer ses engagements en matière de démarche pédagogique. Le PRA a également été suivi dans sa phase de diagnostic notamment. Depuis, un travail sur la mutualisation des outils ou encore l’élaboration d’un catalogue annuel de formations ont été faits. Aujourd’hui, l’investissement dans la vie du réseau, voire d’un inter-réseau n’est pas simple en raison de la disponibilité que cela requiert et de l’éloignement géographique des uns et des autres. D’autres réseaux participent également de manière active au développement et à la promotion de l’éducation à l’environnement en région Pays de la Loire. Le GRAINE apporte un soutien et une vision pour les jeunes structures en manque de repères et d’éléments structurants. De ce point du vue, le GRAINE a un rôle important à jouer sur les territoires.
Penser déjà à l’avenir
Mais déjà de nouveaux défis attendent le GRAINE. Le contexte incertain qui baigne le début de sa troisième décennie va, une fois de plus, tester la fantastique capacité d’adaptation dont il a déjà su faire preuve par le passé.
Les attentes, les envies et les projets ne manquent pas. Pour les réaliser, les partenariats devront plus que jamais être solides. Le GRAINE devra pouvoir s’appuyer sur ses adhérents et ses partenaires, et eux-mêmes devront pouvoir s’appuyer sur le réseau, pour que l’ensemble reste debout et continue d’avancer. Les récents échanges nationaux autour du thème de la cohérence vont trouver une application pratique dans les années qui viennent.
Nicolas Rougier - La Turmelière
Le GRAINE et moi....
Lorsque j’ai découvert le GRAINE, je débutais ma carrière en tant qu’éducateur
environnement. Nous avons reçu dans nos locaux les rencontres régionales qui m’ont permis de découvrir ce qu’était la notion de réseau, qui étant débutant dans le monde de l’animation, m’était inconnue. Beaucoup de travail de préparation pour accueillir un temps fort dans la vie du réseau. Là, j’ai découvert un « monde » où la convivialité et les échanges sont primordiaux et effacent les difficultés d’organisation. J’ai eu par la suite l’opportunité de représenter ma structure au sein du conseil d’administration pendant 2 ans. Cela m’a permis de découvrir en profondeur ce qu’était cette tête de réseau. N’ayant plus suffisamment de temps à consacrer en tant qu’administrateur, j’ai quitté le conseil d’administration tout en restant personne ressource notamment au niveau informatique.
Aujourd’hui, je pense que le GRAINE a beaucoup changé, il est pour moi devenu un acteur incontournable de l’éducation à l’environnement et au développement durable en Pays de la Loire. Je continue à travailler avec le GRAINE à différents niveaux, que ce soit pour la partie formation en tant que formateur mais également en tant que stagiaire, je représente également toujours ma structure en tant que membre de la plate-forme ACCE3D.
Pour la suite, il n’est pas question de quitter le réseau, même si parfois s’investir peut demander du temps, ce n’est rien en comparaison de ce que peut apporter un réseau comme le GRAINE.
Michèle Dubromelle
Ex-coordinatrice régionale des Petits Débrouillards Pays de la Loire, redevenue militante de base… et très contente de l’être.
20 ans, ce n’est pas rien… Bon nombre des adhérents/militants d’aujourd’hui étaient sans doute encore à la maternelle. Se doutaient-ils qu’ils feraient un jour de l’éducation à l’environnement ? La vieille garde, celle des soixante-huitards non repentis, dont je fais partie, se doutaient-ils que le Larzac, loin d’annoncer un monde plus équitable et plus éclairé, n’était qu’une étape dans l’instrumentalisation mondialisée des ressources ? On voit aujourd’hui, avec le non respect des engagements de Kyoto, les atermoiements de Durban et l’appropriation du vivant, que le changement ne passe ni par les grands sommets ni même par les états, soumis qu’ils sont aux lobbies industriels et financiers.
Seule la société civile pourrait faire évoluer les comportements, par l’éducation et la prise de conscience. Autrement dit par une démarche d’éducation populaire (Oups ! le mot est lâché). Condorcet ne disait pas autre chose : « Tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain, toutes les chaînes auraient été brisées, en vain, ces opinions de commande seraient d’utiles vérités ». Un projet d’éducation populaire est un projet éminemment politique, au vrai sens du terme, dans lequel il ne s’agit pas de fournir des réponses mais de permettre l’émergence de questions et de choix.
Les adhérents du GRAINE ne le savent que trop bien, c’est leur lot quotidien, contre vents et marées : susciter l’intérêt, sensibiliser, ouvrir les esprits, développer le sens critique… pour que les citoyens de tous âges puissent apporter leur grain de sel et que germent les initiatives.
J’ai été membre du CA du GRAINE Pays de la Loire pendant trois ans et j’y ai beaucoup appris : c’est un espace de débat démocratique respectueux de la diversité, un vrai réseau quoi, qui ne se prend pas pour une fédération. Rares en effet sont les espaces ouverts à la confrontation des idées et des méthodes, où chacun, qu’il soit personne morale ou adhérent individuel, peut apporter sa façon de voir et de faire sans craindre de passer pour un extra-terrestre. En trois ans, je n’ai jamais observé de mélange des genres : parler ou agir au nom du GRAINE n’est pas une façon de tirer la couverture à soi ou à son association.
Par les temps qui courent de plus en plus vite et qui exigent toujours plus de réactivité, plus d’efficacité, plus de tout, il devient difficile de prendre le temps de ne pas être d’accord avant d’arriver à une décision. C’est pourtant ainsi que l’on construit la confiance mutuelle et la pratique partagée qui permettent de recharger les batteries dans les périodes de découragement, parce que le contexte n’est pas favorable - comme c’est le cas - ou parce que nous sommes trop peu nombreux à porter un projet énergivore. Le GRAINE reste un carrefour d’échanges et d’analyses, un lieu de ressourcement précieux pour les militants.
Le GRAINE a grandi, il s’est structuré, il s’est doté d’une équipe salariée ( merci aux Emplois Jeunes tant décriés ), son champ d’action s’est ouvert avec la diversification de ses adhérents, il a évité les pièges de l’institutionnalisation. Bref, il a fait du bon boulot. Mais comme on disait dans les années d’utopie joyeuse : « Ce n’est qu’un début… »
Bon anniversaire le GRAINE, et hauts les cœurs !
Alors imaginons un peu le GRAINE à 30 ans...
Pour ses 30 ans, le GRAINE accueille son 123e adhérent.
Pour ses 30 ans, le GRAINE fête la première graine du dernier adhérent qui n’était pas encore signataire du référentiel de qualité.
Pour ses 30 ans, le tableau de bord mis en place en 2012 permet chaque année aux acteurs de l’EEDD de gérer leur activité en interne, mais aussi de discuter ensemble des actions à mener sur le territoire.
Pour ses 30 ans, salariés, adhérents et partenaires peuvent se féliciter d’avoir su traverser des temps difficiles sans renier leurs valeurs communes de respect, de citoyenneté, de responsabilité, de coopération et de solidarité.
Pour ses 30 ans, le GRAINE se souvient... « Tu te rappelles la crise en 2012? », « Oui... c’était pas évident, hein ? Heureusement qu’on a su se serrer les coudes... »
Pour ses 30 ans, le GRAINE aura manifestement changé, mais il y a une chose dont on est sûr qu’elle ne changera pas : demain, comme aujourd’hui, le GRAINE sera ce que ses adhérents en feront.